Et si nous parlions d’hypersensibilité ? – Podcast de Jordane

Select Dynamic field

Lorsque Jordane, que nous avions interviewé dans l’épisode 10, m’a proposé de parler d’hypersensibilité dans son podcast «et toi tu fais quoi dans la vie ? » j’ai immédiatement dis oui. 

C’est un sujet qui me tiens fortement à cœur, car étant moi même hypersensible j’ai navigué durant plus de 20 ans en eaux sombres, tout en effectuant beaucoup de recherches pour mettre des termes sur cette souffrance et surtout pour apprivoiser cette sensibilité accrue.

On en parle de plus en plus mais cela reste encore un concept vague pour certain, une source de taquinerie pour d’autres et une source de désespoir pour ceux en proie à cette sensibilité douloureuse. C’est un sujet qui revient souvent lorsque que nous parlons avec des multipotentiels / haut potentiels, car beaucoup y sont confrontés.

Et s’il y a un message que je souhaite aujourd’hui faire passer c’est : oui on peut vivre heureux en tant qu’hypersensible.

J’y tiens et le revendique, encore et encore, car j’entends trop souvent de la résignation et du désespoir à ce sujet de la part d’hypersensibles.

C’est donc pour toutes ces raisons qu’il est important pour moi de parler d’hypersensibilité, d’apporter de la clarté à ceux pour qui le sujet reste encore vague et de sortir des clichés et des idées reçues.

Qu’est-ce qu’un hypersensible  ?

Un hypersensible est une personne qui va réagir plus fortement à tout ce qui peut l’éveiller et attirer son attention. Plus concrètement, ce sont des personnes qui réagiront plus fortement à toutes sortes de stimuli internes ou externes.

Internes lorsque cela implique nos propres émotions, pensées, peurs, sensation… Et externes qui peuvent être des sons, des odeurs, des mots, des réactions, des observations, des sensations physiques… 

Par exemple, un coup de klaxon qui surprend dans la rue, l’étiquette du pull qui frôle régulièrement la peau, une luminosité trop forte, un lieu trop bruyant, un mot plus haut que l’autre, le témoignage d’une altercation… tout cela sera vécu en puissance 1000.

C’est ce qui caractérise les hypersensibles : des émotions vécues bien plus fortement que la norme dû à une hyperstimulation des sens.

Le système nerveux est en alerte rouge très rapidement et la personne n’arrive plus à filtrer les informations et les ressentis et se retrouve parasitée jusqu’à saturation. Et cela se révèle être souvent douloureux physiquement.

Une des réactions face à cette sur-stimulation est souvent la fuite ou l’isolement ayant pour but de se libérer de la stimulation douloureuse au plus vite. Ceci cause parfois de l’incompréhension de la part de nos proches.

Je me souviens que lorsque j’étais plus jeune, la personne avec qui je vivais me reprochait beaucoup d’avoir besoin de m’isoler durant des soirées avec plusieurs personnes. Je manquais à l’époque d’information pour expliquer pour quelles raisons je ne pouvais plus « gérer » les interactions et était dans ce besoin vital de m’isoler. Aujourd’hui, j’explique et prends sans aucun soucis ces instants où j’ai besoin d’être seule. Car cela me permet de me ressourcer et de rééquilibrer  « mes compteurs de stimuli » grâce à quelques exercices de respiration, et ainsi reprendre plus sereinement ma soirée. 

D’autres réagissent avec agressivité, le résultat escompté étant le même : éloigner la source qui met tout le corps et le mental en alerte rouge… Pour d’autres, cette sur-stimulation les paralyse. Elle s’exprime alors discrètement, silencieusement et douloureusement. 

Attention cependant à ne pas faire d’amalgame entre hypersensibilité et extra/introversion. On peut être extraverti et hypersensible, tout comme introverti et non hypersensible. L’hypersensibilité s’exprimant de bien des manières, ce sont parfois des raccourcis qui peuvent être fait. 

Avoir une vie rythmée par des variations émotionnelles intenses implique souvent une sur-réflexion, des sur-réactions; de la fatigue et du stress…

Faisons un petit point sur le stress

Lorsque se produit un évènement imprévu, le corps produit une hormone ponctuelle que l’on connait tous : l’adrénaline. C’est le fameux coup de stress, une phase que l’on appelle « d’alerte ». L’adrénaline vient en aide lorsqu’il faut agir rapidement et ponctuellement (archaïquement il s’agissait de prendre la fuite) et elle est éliminée dans les 10 minutes suite à l’évènement.  

Mais lorsque l’on continue à être soumis à une source de stress, c’est le cortisol qui prend la suite. On appelle cela une « phase d’effort ». Le cortisol met en alerte le corps et le mental afin que celui-ci soit au taquet sur un plus long terme, qu’il puisse se défendre quand il le faut, tout observer, calculer etc…  Le cortisol met plus de temps à être évacué par le corps. En effet, il lui faut en moyenne 16h pour pour être éliminé une fois l’évènement stressant terminé.

Si ces phases se prolongent, on rentre dans une « phase d’épuisement » où le corps ayant puisé et brûlé toutes ses réserves d’énergie entre dans un programme de survie. S’en suivent burn-out (on comprend alors mieux l’origine du terme « burn »), dépressions, angoisses et crises d’angoisses, stress chroniques…

Vous comprendrez donc bien que pour un hypersensible, dont les sources de stimulation sont quasi omniprésentes et avec une intensité plus haute que la norme, ce mécanisme de défense se déclenche bien plus rapidement et peut être épuisant. Des exercices comme la cohérence cardiaque (dont l’un des effets est la régulation des hormones du stress) ou le Shirin-Yoku (promenade dans les bois) sont de précieux outils qui aident au quotidien à se recentrer et à mieux filtrer les stimuli.

Comme le rappelle le psychanalyste Saverio Tomasella, auteur de nombreux ouvrage sur le sujet et qui a fait sa thèse sur l’hypersensibilité, il ne faut ni dominer ni subir ses émotions. Il faut s’autoriser à les vivres et apprendre à apprivoiser ce trait de caractère via sa « toilette émotionnelle » (médiation, arts martiaux, randonnées…).

Apprivoiser son hypersensibilité

Pour ma part, ce fut de faire une immersion totale dans la recherche sur les émotions en général, puis sur le cheminement de mes émotions, via la psychologie, la spiritualité, la philosophie et le bouddhisme qui m’a permis de mieux me connaitre et de finalement apprivoiser mon hypersensibilité. Je suis partie du principe que si je ne pouvais pas gérer les stimuli externes (grands bruits, luminosité, foule, avis des autres, comportement brusques, etc…), je pouvais en revanche travailler sur ce qui se déroulait en moi, mieux comprendre le cycle stimulus-réaction-pensée-émotions, ce que ces dernières me disaient et avaient besoin d’exprimer, si elles étaient utiles / cohérentes / adaptées …

J’ai surtout appris à connaitre et respecter mon rythme.

Ce fut laborieux, il a fallut du temps et du travail (avec un accompagnement thérapeutique) pour réussir à équilibrer le tout sans que cela s’ébranle régulièrement. Cependant ne nous trompons pas,  je reste une hypersensible. Mais je me connais mieux et j’ai appris à baisser l’intensité des stimuli internes (pensées, angoisses, peurs, croyances limitantes…), à m’organiser pour ceux externes (le ciné et les concerts c’est avec des boules quies obligatoires, les sorties en lieu bruyant que si je suis en forme…), à comprendre mes peurs, mes limites, à dire un non clair et assumé lorsque qu’une situation va me demander une dépense d’énergie non équilibrée.

Aujourd’hui mon hypersensibilité est devenue une précieuse alliée dans mon quotidien professionnel, me permettant de me mieux comprendre les émotions des autres et de les aider à mettre des mots sur des sensations ou des situations.

Dans une société qui valorise l’intellect en oubliant que l’être humain est avant tout fait d’émotions, les hypersensibles n’ont pas à avoir honte de ce qu’ils ressentent. La meilleure solution est d’apprendre à s’exprimer tout en apprenant à se comprendre, se respecter et peut être à aller chercher ce qui alimente cette peur et ce stress parfois omniprésent. Selon la chercheuse et écrivaine, Elaine Aaron l’hypersensibilité toucherait de 15 à 25 % de la population. Je tiens à préciser que c’est un trait de personnalité parmi bien d’autres, et non pas une pathologie à soigner. Notons également qu’il existe autant d’hypersensibilité que d’hypersensible…

Si vous souhaitez en savoir plus, je vous conseille de vous promener sur les site d’Elaine N. Aron (hsperson.com) et de Saverio Tomasella (l’observatoire des ultrasensibles.com) et à lire leurs ouvrages.

Je remercie encore Jordane pour m’avoir donné la parole sur le sujet !

Je veux aller plus loin sur ce thème

L'éKipe est sur le pont pour te proposer au plus vite du contenu qui déchire.

Si tu veux être tenu au courant dès que c'est disponible, inscris-toi juste en dessous :

Partage l'article sur :

Par Stéphanie11 avril 2019 📰 Article, 🎙️ Podcast0 commentaires

À propos de l'auteur, Stéphanie

Artiste photographe, tatoueuse, auteur, graphiste, accompagnatrice en bien-être, Stephanie est co-fondatrice de Kmeo et se dédie à l’accompagnement des profils multipotentiels et slasheurs.

Contenus similaires

{"email":"Email address invalid","url":"Website address invalid","required":"Required field missing"}
>