Le manque d’organisation : la malédiction des multipotentiels

La malédiction, Lauriane, carrément ? Tu ne penses pas que tu exagères ?

Ok, je viens du Sud et on a une toute petite, minuscule, anecdotique tendance à très légèrement exagérer les choses. Ok. Mais là, promis, ce n'est pas le cas et je vais t'expliquer pourquoi je le pense vraiment.

Je te propose de te poser avec un bon café, ou un thé ou ce que tu veux, et qu'on se penche ensemble sur les impacts évidents et ceux qui le sont moins, des difficultés d'organisation sur un profil généraliste.

Ne pas réaliser ses projets, l'arbre qui cache la forêt.

Ça parait évident, et il est fort probable que tu lis ces lignes parce que tu t'exaspères toi-même de ne jamais arriver au bout de tes projets. D'ailleurs, on en parle dans cette vidéo sur notre chaîne Youtube.

Que ce soit te lancer dans la calligraphie, repeindre une pièce de la maison ou s'entrainer pour une course, si tu es là c'est que tu es le champion (comme moi) du truc à moitié fait.
Tu sais dessiner le "a" et le "b", mais tu t'es arrêté au "c" parce que t'as pas eu le temps cette semaine, mais en plus elle n'est pas drôle cette lettre.
Tu as préparé la pièce, mais tu as passé trop de temps sur internet à comparer les peintures, chercher des idées sur Insta et papoter avec le vendeur de chez Casto, donc ton énergie pour ce projet est épuisée. On verra la semaine, le mois ou l'année prochaine.
Tu t'es entrainé pour ton 5K deux fois cette semaine, mais entre la calligraphie et le projet déco tu n'as pas pu le faire les deux semaines suivantes et donc la compétition ne sera pas pour cette fois.

Ça te rappelle quelque chose ? Moi oui...

Est-ce à cause de notre profil multipotentiel ou de notre manque d'organisation qu'on se retrouve dans ces situations ?

Ça revient un peu à se demander qui de l'œuf ou de la poule est arrivé en premier.
Les deux sont évidemment liés. Et si notre cerveau est attiré par la nouveauté comme les pies par tout ce qui brille, il est néanmoins possible de se discipliner un peu. En tout cas quand on le souhaite.

Parce que oui, on n'a pas tous envie de finir ses projets.

Je me souviens d'une période de ma vie où voguer de projet en projet me convenait très bien. À mon entourage un peu moins, on y reviendra plus tard, mais moi je trouvais ma vie passionnante à cette époque-là. Je me rends compte de la chance que j'avais, mais mes années lycée ont été folles de ce point de vue. En plus de l'école, je faisais des heures de théâtre par semaine, j'apprenais deux instruments de musique, jouais dans un petit groupe et montais des projets avec mes amis, que ce soit de films amateurs ou de pièces de théâtre, bref, j'avais la belle vie je le reconnais, et je m'éclatais.

Malheureusement, ça n'a pas continué par la suite. J'ai expérimenté dans la souffrance les projets qui se phagocytent les uns les autres, l'exaspération de ne rien maitriser, la frustration d'avoir l'impression de ne rien accomplir.

La perception de notre manque d'organisation, une pépinière d'insécurités fertile

Car c'est bien là que le bât blesse. La perception de notre comportement. Notre propre perception, mais aussi celle que nous renvoie notre entourage.

Quand j'étais au lycée et que selon moi je vivais ma meilleure vie de généraliste, est-ce que mes parents en étaient heureux ?
D'un côté oui, sinon ils ne m'auraient pas soutenue à ce moment-là. De l'autre, clairement ça leur faisait peur. C'est normal, ils s'inquiétaient pour mon avenir. Et maintenant que je suis maman à mon tour, je comprends totalement leur dilemme. Mais à l'époque, je le comprenais comme "il faut faire des choix et toi tu ne sais pas les faire". "Tu sais Lauriane, dans la vie on ne peut pas tout faire ou tout avoir". "Non tu ne peux pas changer d'orientation chaque année".
Bref, ma vie était belle, mais pas dénuée de confrontations et de choix, notamment sur ce qui constituait des loisirs ou des options "décentes" de carrière. Et ces confrontations et ces discussions ont instillé en moi des doutes.

On ne peut pas tout faire. Mon fonctionnement ne convient pas à la vie d'adulte. Je vais devoir faire des choix, couper une partie de moi à chaque fois que je me présenterai. Parce que moi en entier, c'est trop. Trop dispersée, trop passionnée, trop enthousiaste. Ou pas assez. Pas assez concentrée, pas assez déterminée, pas assez centrée.

Et petit à petit, ces idées ont pris racine. D'abord venues de l'entourage, on finit par les intérioriser et par s'observer par ce prisme peu bienveillant.

Et chaque projet entamé, chaque idée qui nous effleure et qu'on ne porte pas plus loin, remets des sous dans la machine : tu ne vas jamais au bout d'un projet, tu es dispersée, tu n'y arrive(ra)s jamais...

C'est avec ce beau biais de confirmation, ce beau cercle vicieux, que, si on n'y prend pas garde, on peut se retrouver paralysé, incapable effectivement de lancer quoi que ce soit, parce que notre estime se retrouve au plus bas et que le burnout se profile à l'horizon.

L'organisation, némésis ou salut des profils généralistes ?

Et si la clef pour se protéger, se guérir ou se sortir de ce cercle vicieux c'était l'organisation ? Difficile d'y croire quand on s'est confronté à ce sujet pendant des années... Pourtant, c'est une des choses qui m'a permis, personnellement, de sortir du burnout.

Mais avant de parler de moi, il est temps de parler d’organisation et de ce que c'est réellement.

Souvent on se l'imagine comme une to-do list à rallonge ou un calendrier bien rempli qui liste l'ensemble des choses à faire. Une to-do list améliorée au final. Mais ce fonctionnement requiert ce que j'appelle une organisation "interne". C'est-à-dire la capacité à planifier sa journée, ses activités et en plus à s'autodiscipliner pour suivre ce qui a été planifié.

Or, il existe un second type d'organisation. L'organisation externe. Celle où c'est l'environnement et ses obligations qui nous structurent. Aller en cours au lycée, aller en cours de théâtre, en cours de musique, en cours de sport, etc. Toutes ces choses où on DOIT aller, où on n'a pas d'autre choix que d'être présent et de participer.

Et c'est là que réside le secret de l'organisation. Comprendre quel est le type qui nous correspond le mieux. 
Si tu ne ressens pas de difficultés liées à l'organisation, c'est qu'a priori, le type interne te correspond et tu as pu gérer ta vie sans problème à ce niveau-là. C'est sympa de venir lire ce que j'ai écrit, mais il est probable que tu trouves que je parle chinois. Après tout, quoi de plus simple que suivre une to-do list ou un planning ?
Et bien pour ceux qui sont plus sensibles à l'organisation externe, c'est une mission quasi impossible. Pas par manque de volonté, bien au contraire ! Mais plutôt par manque de connaissance de son propre fonctionnement.

Les to-do list, le journaling, tous ces hacks d'organisation qui sont mis en avant reposent sur le même principe : que si tu décides de faire quelque chose tu t'y tiendras. Sauf que ce n'est pas le cas pour tout le monde.
Pour certains d'entre nous, il va nous falloir des contraintes. Réelles et externes. Une deadline, une réunion, un engagement, un environnement spécifique, bref, quelque chose qui ne nous laissera pas d'autre choix que de faire ce qui est prévu à ce moment-là.

Et c'est uniquement lorsque cet environnement sera installé que les to-do lists auront un intérêt.

Est-ce qu'on doit se flageller en se disant que "l'on devrait avoir la volonté suffisante pour s'autodiscipliner" ? On peut. Mais ça ne changera pas votre façon de fonctionner si vous avez besoin d'un support d'organisation externe.

Est-ce que tu te blâmes parce que tu ne sais pas trouver ton chemin sans Google Maps ? Non. Ça fait partie de ton fonctionnement, tu l'acceptes et tu vis en fonction, non ?
Et bien c'est pareil sur l'organisation. Regarde si un support externe et des contraintes ne débloquent pas "magiquement" ta capacité à faire des choses.

Nous sommes tous différents, chaque personne qui va poser ces yeux sur ces quelques lignes aura un passé et des expériences différentes. Alors il n’y a pas de secret. Pour savoir ce qui va fonctionner pour TOI, une seule solution : creuser dans tes expériences et tes vécus passés. Avec un regard particulier dessus et des questions essentielles à se poser.

À quel moment ai-je vécu ma meilleure vie avec le recul ? Qu’est-ce qui a fait, au niveau de l’organisation, que ça marchait à ce moment-là ?

Il est vraiment essentiel d’aller au-delà de l’émotionnel, mais de regarder les morceaux de ta vie de manière analytique. Parce que tu imagines bien qu’à 16 ans, par défaut le monde était nul et mes parents des tortionnaires sans cœur… Et pourtant…

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Par Lauriane Terol9 juin 2023 📰 Article0 commentaires

À propos de l'auteur, Lauriane Terol

Lauriane est formatrice de métier et dévoreuse de livres le reste du temps. Enfin, quand elle ne s’essaie pas à l’écriture, sa nouvelle passion. Nouvelle ? Pas tant que ça, mais enfin acceptée avec enthousiasme et explorée, certainement ! Sa marotte habituelle, découvrir comment les choses fonctionnent : la psychologie, la physiologie, l'écriture… Pour elle c’est ça la vraie magie dans la vie. Et quand, en plus, elle peut partager ses découvertes avec son entourage, alors c’est le jackpot (pour elle…). Sa plus grande fierté actuellement est d’arriver à porter les passions des créateurs qui l’entourent en mots pour les accompagner dans leurs projets.

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