Pourquoi est-ce si difficile de faire un choix pour moi ?

En tant que multipotentielle, HPI, slasheuse, etc..., la compétence qui me demande encore à ce jour le plus de travail sur moi et de contrôle au quotidien, c'est celle de faire des choix.

Pourtant nous avons tous dû faire des choix depuis notre enfance, non ? De nos habits à porter le matin, à nos céréales préférées, en passant par notre orientation scolaire ou encore, pour les plus chanceux, choisir un cartable avec nos héros du Club Dorothée préférés. 

Malgré cette grande expérience profondément humaine, ça semble toujours être une épreuve pour les personnes présentant un profil généraliste.

Sans vouloir faire de la sociologie et de la psychologie de comptoir (mais en en faisant un peu quand même...), il est intéressant de se pencher sur ces difficultés si communes parmi les membres de la communauté Kmeo. 

On retrouve trois facteurs récurrents chez les personnes disant éprouver de la difficulté à faire des choix...

...Un fonctionnement inhérent à notre profil

Même si nous avons tous des préférences, ou des "couleurs" de profils qui nous sont propres, on a quand même un peu le syndrome de l'objet brillant. Comme les pies, on est attirés par ce qui est nouveau, ce qui titille notre intérêt et notre imagination.

À chaque fois c'est le rush de dopamine, ça nous attire comme des papillons avec une flamme (j'ai failli écrire comme un moustique avec une lampe UV mais c'était moins romantique on est d'accord...), c'est plus fort que nous, on doit s'approcher, regarder, toucher et une fois qu'on l'a, on part à la recherche du suivant.

Barbara Sher en parle très bien dans son livre "Refuse to choose". Nous nous comportons comme des abeilles qui butinent de fleur en fleur. J'oserais ajouter "en ne prenant que le meilleur et l'essence de chacune", mais ce serait peut-être un peu présomptueux.

Toujours est-il que, notre façon de fonctionner n'est pas de choisir un domaine et y aller à fond. Comme on ne peut pas se refaire et se blâmer pour une capacité qu'on n'a pas, autant essayer de l'accepter. Un poisson ne se blâme pas de ne pas savoir monter aux arbres que je sache ? Il n'est pas fait pour et c'est tout.

Et bien c'est pareil pour toi. Tu auras de multiples centres d'intérêt et tu papillonneras entre eux. C'est tout. Pas de quoi se mettre la rate au court-bouillon non ? (dit-elle après avoir déprimé des années de ne pas se trouver de vocation...)

...Une société qui nous oblige à faire des choix
avant d'avoir les outils pour le faire

Tu te souviens de ton choix d'orientation au collège ? Puis après le lycée ?

Moi je m'en souviens et ça a été terrible.

Comment savoir à 17 ans ce que pourrait être le reste de ma vie ? D'accord j'étais un peu mélodramatique, mais il n'empêche qu'on me demandait de choisir mon avenir alors que ma seule expérience à ce moment-là se déroulait à l'école, dans ma famille et dans les quelques mois d'été où je castrais des plans de maïs chez l'agriculteur du coin.

Autant dire que je n'étais pas armée pour savoir faire des choix décisifs.

Je ne me connaissais pas, je ne connaissais pas le monde, je n'avais jamais rien fait par moi-même et j'ai dû faire des choix déterminants. Et je dois l'avouer, à cette époque là, le seul moyen à ma disposition c'était de faire "ploum, ploum". Et pendant longtemps je n'ai pas eu d'autre outil que celui-là.

C'est ballot quand même de faire "ploum, ploum" pour décider d'une formation, choisir entre deux offres d'emplois ou encore d'une expatriation. C'est une stratégie acceptable pour choisir entre un BigMac ou des nuggets, mais au-delà de ça, ça devient très discutable.

...Un entourage souvent dubitatif

Même la personne la plus bienveillante qui soit, a grandi et a été façonnée par la même société que nous.

Une société qui impose de faire des choix et qui valorise ceux qui ont de la suite dans les idées.
Une société dans laquelle les références sont :

Et j'en passe...

Si tu côtoies des personnes qui ont réussi à trouver leur place dans ce fonctionnement, elles vont avoir du mal à comprendre que toi tu n'y arrives pas. Elles ne vont pas forcément comprendre que tu ne souhaites pas faire ce sacrifice d'un choix, de devoir renoncer à "quelque chose".

C'est là que les "noms d'oiseaux" vont commencer à sortir. "Indécis", "ne sais pas ce qu'il veut", "instable", etc. Ça n'a beau qu'être un reflet de ce qu'ils ont dû intérioriser, ces qualificatifs nous font mal, diminuent notre estime de nous et nous handicapent encore plus pour faire de vrais choix dans le futur.

...Mais, avec les bons outils, tu peux enfin arriver à faire des choix.

Car oui il est possible de faire des choix.

De vrais choix, fais sereinement et qui nous amènent de la joie parce qu'on sait pourquoi on les a faits.
On peut ranger les "ploum, ploum", les "j'attends un signe du destin" ou autres auto-sabotages qui choisissent pour nous.

Faire des choix quand on a un profil généraliste ne peut pas se faire sur des critères extérieurs. Parce que le statut social n'est souvent pas notre principal moteur. Il peut exister, on est humains, un animal social, connaître notre place dans la hiérarchie du groupe c'est ancré en nous. Mais être le plus fort ou le meilleur n'est quasiment jamais notre préoccupation principale.

Nous, on a besoin de partage, d'échange, de transmission. On recherche la liberté, l'authenticité, l'honnêteté. Nos grilles de lecture du monde et de la société sont spécifiques. Comment nos choix pourraient-ils se faire sur les critères des autres ? Sur des symboles de réussite qui ne nous parlent pas ?

Ils ne le peuvent pas.

Mais en comprenant notre fonctionnement propre, notre système de valeur et ce qu'on recherche réellement, alors on peut trouver notre propre boussole interne. Celle qui, face à l'intersection que constituera un nouveau choix, nous orientera dans la direction qui nous conviendra. À nous.