Et si la solution pour trouver l'épanouissement professionnel résidait dans le fait de multiplier les activités ?
Le phénomène du slashing, qui désigne le cumul de plusieurs emplois ou statuts, gagne du terrain en France, notamment chez ceux qui refusent de se conformer à une carrière linéaire.
Le slasheur, qu’il soit salarié, entrepreneur ou en portage salarial, incarne cette évolution du marché du travail, en exploitant ses multiples talents pour créer des revenus complémentaires et un quotidien riche en diversité. Ce pluriactif cumule les activités pour construire un avenir professionnel plus flexible et épanouissant.
Ce mode de vie atypique permet non seulement de développer de nouvelles compétences, mais aussi de répondre aux besoins d’un environnement en perpétuel changement, tout en favorisant une meilleure autonomie et une gestion plus souple des activités professionnelles et personnelles..
Cet article vous plonge dans l’univers des slasheurs : définition, origine, état des lieux du slashing en France, avantages et défis de ce mode de vie. Alors, êtes-vous prêt à repenser votre approche du travail ? Découvrez comment le slashing peut redonner du sens à votre carrière et enrichir votre vie professionnelle !
Les origines et la définition du mot slasheur
Slasheur, un mode de travail qui ne date pas d'aujourd'hui
Derrière cet anglicisme un peu barbare que l'on pourrait confondre avec un genre de film d'horreur, se cache en fait un style de vie qui mélange passion, épanouissement et rentrées d’argent variées. Le terme vient du symbole slash " / ", cette petite barre oblique sur nos claviers largement utilisé dans le domaine informatique.
Elle permet de séparer deux mots ou expressions quand les deux sont valides et qu’on ne veut pas choisir. Dans notre cas, pour des métiers, cela donnerait quelque chose comme cuisinière / décoratrice d'intérieur / libraire / créatrice...
C’est en 2007 que le terme apparaît pour la première fois, dans l’ouvrage de l’auteure Marci Alboher, One person/Multiple careers. Spécialiste des questions d’emplois et de carrières, celle-ci le définit comme une personne couteau suisse qui cumule plusieurs casquettes, plusieurs boulots.
En 2010, l’auteur et entrepreneur Seth Godin, ancien responsable marketing de Yahoo, illustra le terme slasheur en une phrase : « Mon grand-père a fait le même travail toute sa vie, mon père a eu sept emplois différents tout au long de sa carrière et moi j’ai eu sept emplois en même temps ».
Ils sont comédien slash guide touristique slash photographe slash professeur slash manager... On pourrait parler de « pluriactivité » ou de « multi-entrepreneuriat » mais slasher ça sonne mieux.
Ce concept n’est pas si nouveau que ça. À la Renaissance, on célébrait les "polymathes", des personnes brillantes dans plusieurs disciplines. Léonard de Vinci, par exemple, cumulait 24 métiers, rien que ça !
Mais avec la révolution industrielle, la spécialisation est devenue la norme. On a valorisé les carrières linéaires, où chacun se concentre sur un seul métier. Cette idée a perduré, surtout après les Trente Glorieuses, et reste ancrée dans nos esprits.
Entrée officielle dans le dictionnaire
En 2020, "Slasheur" fait parti des nouveaux mots qui font officiellement leur entrée dans le Larousse, aux côtés de "Bore-out", "Ubériser" et "Inclusif". Ainsi, au bout de 15 secondes, quand la publicité a finalement disparu de la page en question de leur site internet, on peut lire :
Slasheur, slasheuse ou slasher (nom commun)
"Personne, généralement issue de la génération Y, qui exerce plusieurs emplois et/ou activités à la fois : Avocat / coach / formateur / blogueur, il se présente comme une slasheur."
Avouons que l'explication est succinte et assez floue, mais elle a au moins le mérite d'exister !
Ce n’est donc plus un terme uniquement réservé à quelques initiés : il fait désormais partie du langage courant. En plus de cela, il peut vous rapporter 11 points au Scrabble (je dis ça, je dis rien).
Aujourd'hui, le terme devient de plus en plus utilisé sur des plateformes professionnelles comme LinkedIn pour se décrire comme quelqu'un cumulant plusieurs activités.
Les premières études sur le slashing en France
Ce phénomène a commencé à attirer l’attention en France à partir des années 2010.
Captivé par un article au sujet du livre de Marci Alboher, Alain BOSETTI, serial entrepreneur et fondateur du Salon SME, réalisa que son propre grand-père était un slasheur avant l’heure : cordonnier, manœuvre et même joueur de clarinette ! Cette révélation l’a convaincu que le slashing était bien plus qu’un phénomène de mode, c’était une révolution du monde du travail qui gagne du terrain.
C'est pour cette raison, qu'il décida de mener la première étude en France sur le sujet. En interrogeant 2000 Français sur leur activité professionnelle avec la question : "Avez-vous une activité générant des revenus déclarés ?", il découvre qu’en 2015, 16 % des répondants affirmaient cumuler plusieurs activités. Ce chiffre grimpe à 25 % en 2022, témoignant d'une nette évolution.
Nous avons d'ailleurs eu la chance d’interviewer Alain pour notre podcast. Il a répondu à mes questions et a même distillé quelques conseils précieux pour bien slasher. Vous pouvez retrouver l'extrait vidéo ci-dessous.
Entre 2015 et 2022, Alain multiplie les conférences, webinaires et apparitions télé autour du slashing. Au départ, il n’existait encore aucun livre dédié aux slasheurs en France, mais les témoignages et l'intérêt croissant des journalistes ont fait du slashing un sujet incontournable, prouvant qu'il ne s'agissait pas d'une simple mode.
Heureusement, Marielle Barbe a remédié à cela en 2017 en écrivant un ouvrage qui fait maintenant office de référence sur la question : Profession slasheur. Marielle, reconnue aujourd'hui comme une véritable experte du slashing, défend l’idée que la diversité des talents est la clé pour relever les défis actuels du monde du travail. Elle fait un travail remarquable auprès du grand public et des entreprises pour propager cette bonne parole et approfondir les recherches sur le sujet.
En 2023, Alain Bosetti va encore plus loin en lançant, en partenariat avec Marielle, un événement entièrement dédié aux slasheurs lors du Salon SME. Ensemble, ils créent /SLASH, un programme de conférences et d'échanges conçu pour soutenir les slasheurs-entrepreneurs. Ce nouvel espace vise à accompagner et donner de la visibilité à ce mode de vie professionnel en plein essor.
Kmeo était d'ailleurs présent pour l'édition 2024 les 23 et 24 septembre et nous y avons donné une conférence sur le thème "Comment être bien dans ses slashs ?".
En septembre 2024, Marielle lance avec Teddy Travert, dirigeant de l'entreprise à mission THACT, et Christelle Travert, dirigeante d'entreprise et consultante, l'Observatoire du Slashing qui a pour ambition de partager les avancées et innovations en matière de slashing.
L'essor du slasheur en France
Le slashing est en pleine expansion en France. Selon une étude menée en juin 2022 par Creatests pour le Salon SME, pas moins de 6 millions de Français jonglent avec une deuxième activité générant des revenus déclarés, en plus de leur job principal. C'est 2 millions de plus qu’en 2016 !
Eh oui, on dirait bien que les Français aiment multiplier les casquettes.
Mais qu’est-ce qui explique cette montée en flèche des personnes slasheuses ? C'est ce que l'on vous propose d'analyser en nous servant des différentes études sur le sujet :
Les mutations du monde du travail
Le Contrat à Durée Indéterminée (CDI), autrefois considéré comme la voie royale du travail, est en train de perdre de son lustre. La nouvelle génération n’aspire plus nécessairement à ce contrat de travail tant convoité.
En 2023, France Travail a noté une légère augmentation des abandons de recrutement par les employeurs (6,9 % en 2023 contre 6,2 % en 2022). Ce phénomène touche surtout les CDI et les contrats de plus de 6 mois, souvent annulés faute de budget ou de besoin. C’est particulièrement vrai dans les entreprises de services numériques (ESN), où les besoins peuvent fluctuer rapidement.
Cette préférence pour les contrats temporaires permet l'émergence de nouvelles formes de travail, comme le slashing, mieux adapté au monde VICA (volatile, incertain, complexe, ambigu) dans lequel nous vivons.
À noter que, malgré les mutations du monde du travail et le nombre croissant de slasheurs, le salariat reste roi en France. Ainsi, 87 % de la population active en France est salariée, dont 75 % en CDI, tandis que seulement 13 % sont en freelance.
Le slasheur a besoin d'une certaine sécurité économique et c'est pour cette raison que le CDI reste un pilier et une valeur refuge pour lui, comme on peut le constater sur le schéma ci-dessous :
La facilité à devenir micro-entrepreneur
Depuis 2009, la création d'une micro-entreprise a simplifié la vie de nombreux slasheurs en herbe. Grâce à ce régime, exercer une activité complémentaire de manière légale est devenu un véritable jeu d’enfant.
Fini les démarches interminables : ici, tout est fait pour être simple, léger et sans prise de tête. La gestion administrative et les cotisations sont allégées, permettant à chacun de se lancer dans une multitude de métiers sans casser sa tirelire.
En plus, le régime de micro-entrepreneur est particulièrement séduisant : il n’y a pas de frais de démarrage et les taxes ne sont payées que si vous réalisez du chiffre d’affaires. Pas de revenus ? Pas de taxes ! Avec un simple clic et un formulaire, vous êtes officiellement enregistré comme micro-entrepreneur par l'administration française, prêt à slasher sans le moindre tracas.
Ce qui rend les choses encore plus faciles aujourd'hui, c’est l’apparition de solutions digitales innovantes. Entre les néo-banques qui permettent de gérer ses finances depuis son smartphone, les applications qui simplifient la comptabilité, et les plateformes en ligne pour trouver des clients, la micro-entreprise devient accessible à tous.
Désormais, il est possible de tout gérer d’un seul coup de pouce, directement depuis son téléphone. Cette flexibilité et simplicité rendent le slashing encore plus tentant pour ceux qui considèrent explorer de multiples projets et diversifier leurs revenus sans se noyer dans la paperasse.
Les plateformes digitales transforment le monde du travail et favorisent le slashing
Avec l’essor du freelancing et du travail indépendant, une nouvelle forme d’économie a vu le jour : la « gig economy », ou l’économie des petits boulots. Le concept est simple : comme on payait autrefois les musiciens pour chaque concert (« gig » en anglais), on rémunère aujourd’hui les freelances pour des tâches ponctuelles.
Ce modèle est de plus en plus populaire grâce aux plateformes digitales qui facilitent la mise en relation entre les travailleurs et les entreprises ou particuliers.
Des plateformes comme TaskRabbit permettent de trouver rapidement quelqu’un pour des petites missions du quotidien, que ce soit pour faire des courses, remplir des papiers administratifs ou même faire le ménage. En France, des alternatives telles que Needelp, Frizbiz, ou Youpijob se développent pour offrir des services similaires. Mais la « gig economy » ne s’arrête pas là.
Que ce soit pour livrer des repas via Deliveroo ou Just Eat, ou pour proposer des compétences spécifiques comme la traduction sur Gengo, ou encore du codage et du graphisme sur des plateformes comme Upwork, Fiverr, Freelancer, ou encore Malt, les opportunités ne manquent pas. Ces outils digitaux permettent aux slasheurs polyvalents de jongler entre plusieurs activités sans problème, en maximisant leurs compétences, en trouvant facilement des missions et cela à tout moment de la journée.
Les différents profils de slasheurs
Slasheur : un statut choisi ou subi ?
Avant toute chose, il nous semble essentiel d'écarter l'idée reçue selon laquelle la majorité des slasheurs adoptent ce mode de vie par nécessité plutôt que par choix.
Il n'en est rien, bien au contraire, comme le montrent les chiffres des différentes études :
pour 93 % d'entre eux, c'est un choix délibéré.
Ce chiffre est encore renforcé par l'étude réalisée par Createst, qui révèle un pourcentage de 96 %.
Malgré ces données, de nombreux préjugés persistent, faisant croire que les individus qui exercent plusieurs activités le font avant tout par obligation économique.
Or, pour une écrasante majorité, le slashing est un choix délibéré. Ce mode de vie permet à ceux qui le pratiquent de concilier leurs différentes passions et obligations tout en gardant la maîtrise de leur carrière professionnelle.
Cependant, il est important de noter que les motivations derrière le slashing ne sont pas uniformes. Bien que la plupart des slasheurs adoptent volontairement ce mode de vie, leurs raisons diffèrent largement.
Les 4 profils de slasheurs
Quand il s'agit de slashing, il n'y a pas qu'un seul type de slasheur. Loin d'être une catégorie unique, les slasheurs se divisent en plusieurs profils, chacun avec ses propres raisons et nuances.
Voici un tour d'horizon des principales typologies de slasheurs, ressortant de l’étude Cooptalis de 2021 :
Le précurseur tous risques
Environ 20 % de la population des slasheurs, a jeté le CDI aux oubliettes. Majoritairement jeunes (18-35 ans), ces audacieux de la carrière ne se contentent que de missions en freelance ou d'activités d'auto-entrepreneur. Leur but ? Une vie professionnelle riche, épanouissante et, surtout, à leur image. Ils sont comme des explorateurs modernes, toujours en quête de nouvelles aventures professionnelles.
Le slasheur prudent
Avec 76 % de la population de slasheurs, c'est le roi de l'équilibre entre sécurité et aventure. Ce profil combine un CDI en activité principale ou secondaire avec des activités plus passionnantes en parallèle. Il joue la carte de la sécurité tout en se permettant des escapades professionnelles plus gratifiantes. Comme un pied dans le présent et un autre dans le futur, il est le parfait exemple de l’option « sécurité avant tout ».
Le slasheur par nécessité
Moins nombreux, mais non moins importants, ces slasheurs sont ceux qui, par besoin, jonglent avec des temps partiels et des petits boulots pour assurer un revenu stable. Ils espèrent que ces multiples petites activités les mèneront un jour vers un emploi stable avec un salaire décent. Ils sont un peu comme des artistes de rue, cherchant à faire leur place dans un monde professionnel souvent impitoyable.
Le slasheur en transition
Pour ceux qui préparent une seconde carrière ou qui envisagent une retraite plus animée, le slashing est une voie toute tracée. Que vous ayez 35 ou 65 ans, vous pouvez tester une idée d’entreprise ou commencer une activité complémentaire en douceur. C’est comme un professeur qui, après avoir dédié sa vie à l’enseignement de l’histoire et de la géographie, consacre ses dernières années professionnelles à une nouvelle carrière, tel qu'écrivain ou créateur de bijoux artisanaux.
À noter aussi que parmi les slasheurs, les « slasheurs au long cours » (ceux dont l’activité complémentaire dure depuis plus de 3 ans) représentent 20 %, tandis que les « néo-slashers » (moins d’un an) comptent pour 36 %.
Les avantages d’être slasheur
Maintenant que nous avons vu les principales typologies de slasheurs, intéressons-nous aux avantages qui motivent de plus en plus d'individus à adopter ce mode de vie.
1. Flexibilité et autonomie
L’un des principaux avantages du slashing est la flexibilité. Les slasheurs sont souvent maîtres de leur emploi du temps et peuvent ajuster leurs activités en fonction de leurs besoins personnels et professionnels. Que ce soit pour choisir leurs projets ou organiser leurs journées, cette liberté offre une véritable autonomie professionnelle.
De plus, de nombreux slasheurs combinent plusieurs activités simultanément, ce qui leur permet d'explorer des passions variées et d'acquérir des compétences transversales.
2. Diversification des revenus
Pour 67 % des slasheurs, le principal avantage du cumul d’activités est de diversifier les sources de revenus. Dans un monde où le coût de la vie ne cesse d'augmenter, cette approche permet d’obtenir une stabilité financière tout en évitant de dépendre d’un seul employeur ou d’un seul contrat.
Cela est particulièrement vrai pour ceux qui choisissent de jongler entre des activités salariées et indépendantes, profitant à la fois des avantages du salariat (sécurité) et de l’entrepreneuriat (liberté).
3. Préparation à une reconversion professionnelle
Pour 11 % des sondés, le slashing est un tremplin vers un changement de trajectoire professionnelle. Avant de se lancer pleinement dans une nouvelle activité, certains préfèrent tester de nouvelles compétences en parallèle de leur emploi principal. Cette approche leur permet de prendre des risques mesurés tout en explorant de nouvelles opportunités professionnelles, avant de faire le saut complet vers une nouvelle trajectoire de carrière.
Cette manière d'approcher la transition professionnelle permet également de développer une connaissance plus approfondie des secteurs dans lesquels ils souhaitent s'investir.
4. Épanouissement personnel et quête de sens
Pour près de 47 % des slasheurs, trouver du sens dans son travail est une motivation clé. Plutôt que de s'enfermer dans un emploi monotone qui ne correspond plus à leurs aspirations, les slasheurs peuvent explorer des activités qui résonnent avec leurs valeurs profondes. Cette capacité à travailler sur des projets passionnants, tout en exerçant plusieurs métiers, permet à beaucoup d'entre eux de ressentir un épanouissement personnel et une plus grande satisfaction dans leur vie professionnelle.
5. Lutter contre l’ennui et diversifier les missions
Pour 48 % des slasheurs, la diversification des tâches est une manière de briser la monotonie au travail. L’ennui, ou bore-out, est un problème majeur dans de nombreuses carrières traditionnelles. En variant les missions et les rôles, les slasheurs réussissent à rester constamment stimulés et à éviter la routine professionnelle.
6. Possibilités de créativité et innovation
Le cumul d'activités offre également une plateforme idéale pour l'innovation et la créativité. En combinant différentes activités, les slasheurs peuvent puiser dans leurs multiples compétences et expériences pour proposer des solutions innovantes dans des secteurs variés. Cette polyvalence enrichit non seulement leur parcours, mais leur permet aussi de s’adapter rapidement aux nouvelles tendances du marché du travail.
7. Indépendance et flexibilité de travail
Enfin, pour 25 % des slasheurs, l'avantage principal est l’indépendance qu'ils acquièrent. Ils peuvent non seulement choisir les projets sur lesquels ils travaillent, mais également décider du lieu et des conditions de travail. Certains privilégient même la possibilité de travailler à distance, que ce soit depuis leur domicile ou un espace de coworking, ou encore en pleine nature.
8. Augmenter ses revenus en slashant : à condition d'y consacrer du temps
Une question revient souvent chez ceux qui s'intéressent à ce mode de vie : Est-ce vraiment possible d'augmenter ses revenus en cumulant plusieurs activités ? Est-ce un choix viable à long terme ?
Les réponses varient en fonction du temps consacré à la seconde activité et des opportunités disponibles. Selon l'étude de Cooptalis :
- 46 % des slasheurs gagnent un revenu mensuel net inférieur à 300 euros, une rémunération complémentaire souvent précaire.
- 37 % d’entre eux perçoivent entre 300 et 1 000 euros, ce qui représente un début de retour sur investissement, mais reste insuffisant pour en vivre pleinement.
- Seuls 14 % atteignent un revenu situé entre 1 000 et 3 000 euros, tandis que 3 % dépassent les 3 000 euros, ces derniers étant les rares à vivre confortablement de leurs multi-activités.
Pourquoi une telle disparité ?
Selon Alain Bosetti, tout repose sur le temps consacré à la seconde activité. Les données montrent que les revenus augmentent en fonction du temps investi :
- 36 % des slasheurs consacrent moins de 5 heures par semaine à leur activité complémentaire,
- 39 % y passent entre 5 et 10 heures,
- 25 % y consacrent plus de 10 heures par semaine.
Ces chiffres démontrent que le temps investi joue un rôle crucial dans le potentiel de revenu : plus les slasheurs s’engagent, plus ils ont de chances d’améliorer leur situation financière.
Conclusion : pas besoin de vendre un rein pour augmenter vos revenus ! Mais il est important de comprendre que le slashing, tout comme toute autre activité, demande du temps et de l’engagement pour être véritablement rentable. Désolé de décevoir les vendeurs de rêve qui promettent des fortunes en ne travaillant que 4 heures par semaine !
Les défis et les limites du slashing
Ça y est, en lisant ces lignes vous en êtes convaincu, le slashing est fait pour vous !
La perspective de pouvoir passer d'un job à un autre avec agilité et enthousiasme en multipliant les expériences est tentante, n'est-ce pas ?
Mais minute papillon, si c'était si facile, ça se saurait !
Comme toute forme de travail, il présente aussi son lot de difficultés.
Derrière la liberté et la flexibilité se cachent des contraintes organisationnelles, psychologiques, et sociales. Que vous soyez un slasheur expérimenté ou que vous envisagiez de vous lancer dans l'aventure, il est essentiel de connaître ces limites pour mieux les surmonter.
C'est ce que nous allons voir dans cette section.
1. Problèmes de gestion du temps
Le slashing peut sembler excitant, mais il exige une organisation rigoureuse.
Sans un bon équilibre entre les différentes activités, il est facile de se sentir débordé. En effet, jongler avec plusieurs projets et métiers peut impacter à la fois le travail, l’emploi du temps et la vie perso.
Entre le bore-out (ennui au travail) et le burn-out (surcharge mentale), il est essentiel de trouver un juste milieu.
Le multi-projet est souvent un casse-tête pour les slasheurs. Comme un jongleur professionnel, vous devez maintenir chaque projet en l'air sans en laisser tomber un. Si vous vous éparpillez trop, la concentration devient un luxe, et la qualité de votre travail peut en pâtir.
Pour éviter cela, l'utilisation d'outils de gestion du temps et de techniques d'organisation efficaces est cruciale. Parmi ces outils, on peut citer Trello, Notion ou la méthode Pomodoro pour mieux structurer ses journées.
La clé est de trouver un système qui fonctionne pour vous et de rester flexible. Parce qu'après tout, le slashing est une aventure professionnelle où l'adaptabilité est reine.
"Je ne sais pas si vous avez déjà vu un spectacle de jonglage, et surtout la dernière partie, le clou du spectacle, quand le jongleur commence à jongler avec 15 ou 20 balles à la fois. C’est difficile. Ça lui demande une attention constante. Ce qu’il réalise est quasiment impossible !
Et si vous avez été dans le public, on est tous là en train de se dire : mais quand est-ce que ça va tomber ? Ça y est, ça va tomber !
Ce moment n’est qu’un tout petit morceau du numéro. Et pourtant on est nombreux a essayer de vivre notre vie comme ça en permanence, parce qu'on a accumulé tous les projets et que l'on essaie de tous les faire bouger en même temps."
Lauriane Terol dans sa conférence "Comment t’organiser quand ton cerveau ne semble pas programmé pour ?"
2. Risques psychologiques et émotionnels
Le burn-out, c'est bien plus qu'un mot à la mode ; c'est une réalité qui peut frapper durement ceux qui jonglent avec plusieurs activités. Lorsque vous êtes slasheur, le surmenage et la surcharge mentale sont des risques bien réels.
Gérer plusieurs projets simultanément peut sembler excitant au début, mais sans une organisation rigoureuse, la pression peut vite devenir écrasante. Les journées interminables et le manque de temps pour soi peuvent conduire à une fatigue extrême, à un stress constant, et finalement, à un épuisement complet.
Ce qui commence comme une quête pour équilibrer différents rôles peut se transformer en une spirale de stress et de frustration.
Il est crucial de prendre des pauses régulières, d’établir des priorités claires, et de savoir dire non lorsque la charge devient trop lourde. Prévenir le burn-out passe par une bonne gestion de son emploi du temps et la préservation de son bien-être, afin de continuer à profiter des avantages du slashing sans en subir les inconvénients.
3. La perception des slasheurs : entre préjugés et réalité
Les slasheurs sont souvent confrontés à des stéréotypes sur leur professionnalisme. Beaucoup pensent que cumuler plusieurs activités est un signe de manque d’engagement ou de sérieux.
Certains les jugent même immatures ou opportunistes. On peut ainsi entendre des remarques du genre : "Le slashing, c'est juste une phase, comme ta période gothique."
Face à ces perceptions, la personne slasheuse doit constamment prouver ses compétences et son sérieux, ajoutant une pression supplémentaire.
Ces idées reçues peuvent limiter la reconnaissance de leur expertise dans leurs différents domaines. Dans ces conditions, garder confiance en soi peut devenir un véritable défi. D'ailleurs, le syndrome de l’imposteur est fréquent chez ceux qui jonglent entre plusieurs professions.
Pour contrer ces préjugés, de nombreux slasheurs adoptent des stratégies d’adaptation. Certains choisissent de mettre en avant leur parcours sur les réseaux pros ou dans des associations pour valoriser leur mode multi. Leur but ? Montrer qu’ils ne sont pas des amateurs, mais des professionnels pleinement investis.
4. Perte de focus et dispersion
La perte de focus et la dispersion sont des défis fréquents pour les slasheurs.
Si la polyvalence est un atout dans une société en constante évolution, elle peut aussi mener à un manque de direction claire lorsqu'on n’a pas identifié son fil conducteur. Ce fil rouge qui relie toutes vos activités et reflète vos objectifs professionnels et personnels, est essentiel pour rester concentré et éviter la dispersion.
Sans une vision claire de ce fil, il devient difficile de dire non à de nouvelles opportunités. On accepte alors trop de projets, souvent très différents, au risque de se disperser. Cette tendance à vouloir tout cumuler peut créer une surcharge de travail et rendre la gestion du temps compliquée, impactant la qualité du travail et la sérénité.
Le fil conducteur vous aide à mieux définir vos priorités, à savoir quand et comment refuser des missions qui ne correspondent pas à vos objectifs, et à maintenir un équilibre solide entre vie professionnelle et personnelle.
En identifiant ce fil, vous pouvez éviter la tentation de dire oui à tout, et rester concentré sur les projets qui assument et nourrissent réellement votre identité professionnelle. C'est une clé pour conserver la sérénité dans un parcours multifacette, en maintenant une gestion cohérente de votre activité sans tomber dans la surcharge ou l'épuisement.
5. L'isolement et le manque de soutien
Un des grands défis du slashing est l'isolement. Travailler en autonomie, sans le cadre d’un bureau traditionnel, peut parfois entraîner un sentiment de solitude. Lorsque les slasheurs cumulent plusieurs activités, ils peuvent se retrouver déconnectés des interactions sociales habituelles que l’on trouve dans un poste à temps plein.
Pour y remédier, rejoindre des communautés dédiées aux slasheurs, telles que la Kommunauté Kmeo, peut être une solution. Ces espaces de partage permettent de découvrir des astuces et des conseils pratiques, d’échanger sur les difficultés rencontrées, et de renforcer son réseau. Cela contribue à briser l'isolement et à assumer pleinement son identité multi-activités.
En complément, travailler dans des espaces de coworking ou organiser des sessions de travail dans un café peut apporter un environnement dynamique qui favorise l'équilibre entre vie professionnelle et privée.
Pour conclure
Slasher est un moyen de lier toutes les compétences que l'on a acquises et d’en acquérir de nouvelles, de nourrir sa curiosité, de choisir ses collaborateurs, ses clients, ses projets et les gens qui nous entourent. De faire en sorte que son environnement de travail reflète ses valeurs, son mode de vie, son fonctionnement et ses différentes facettes.
C’est aussi la volonté d’effacer cette frontière que l’on a tendance à dresser entre la sphère professionnelle et personnelle, d’être pleinement soi à tout moment.
Être slasheur, c’est avant tout se donner la liberté de ne pas se limiter à une seule voie. Cela permet de garder plusieurs options ouvertes et de changer de cap quand on le souhaite. Mais cette réalité reflète aussi notre époque, où faire un choix unique peut sembler réducteur. Pourquoi se restreindre à une seule activité alors qu’on peut en combiner plusieurs et nourrir des passions différentes ?
Le slashing, c’est justement cela : ne pas se définir uniquement par une étiquette professionnelle, mais plutôt par ce qui nous rend heureux. Ce mode de vie permet d’équilibrer les rêves et les réalités. Peut-être qu’un jour, la passion prendra le dessus sur l’emploi "alimentaire", mais en attendant, les deux peuvent coexister et s’enrichir mutuellement.
Plutôt que de disperser ses compétences, le slashing permet de les faire grandir, de les nourrir les unes des autres. C’est cette capacité à évoluer dans plusieurs domaines qui forge des profils uniques et transversaux, où les différentes activités se complètent naturellement.
Au final, être slasheur n’est plus un signe d’instabilité, mais d’adaptabilité. C’est aussi un signe des changements profonds qui transforment le monde du travail. C’est un choix de vie où l’on devient acteur de sa propre carrière, sans se conformer aux schémas traditionnels. Et dans cette évolution, le slashing s’annonce comme l’un des visages du travail de demain.
Et vous ?
Etes-vous un slasheur ou envisagez-vous de le devenir ?
Si c’est le cas, dites-nous en commentaires ou dans la Kommunauté les raisons qui vous ont poussé à faire ce choix et ce qui vous plait dans ce mode de vie. Ça nous intéresse !
Es-tu prêt.e à nous rejoindre ?
Utilise ce super Quiz maison pour déterminer si tu as un profil multi et venir ajouter ta pierre à notre #projet1000K !
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