Qu’est-ce qu’un slasheur ?

Vous l’aurez entendu ou remarqué le monde du travail change. Les nouveaux travailleurs arrivent avec leurs nouvelles exigences, entre équilibre de vie pro/perso, travail en remote, cadre de travail sympathique, …

Ces changements ont amené l’apparition des slasheurs. Et pour vous faire une confidence, je suis moi-même un slasheur depuis des années.

Mais au fait c’est quoi un slasheur ? Vous allez mieux comprendre. Soyez attentif à ce qui va suivre car un jour ou l’autre, vous serez sans doute concerné par cette philosophie.

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Slasheur : chiffres & définition

Alors que la France compte plus de 6 millions de chômeurs, le CDI n’est plus vu comme le graal absolu pour la génération Y dont je fais partie et encore moins pour la génération à venir.

Selon une étude réalisée en 2016 par… Pôle Emploi, 6 entreprises sur 10 qui veulent embaucher pour une durée indéterminée disent rencontrer des difficultés et trouvent plus facilement des candidats pour un CDD que pour un CDI. Et il y a de fortes chances qu’à l’avenir ces difficultés de recrutement soient accrues pour tous les recruteurs.

Face à cela plusieurs raisons :

  • On n’a plus envie de s’engager dans le salariat à la papa : le vagabondage professionnel est un moyen de conserver son sentiment d’être libre.
  • Un manque d’intérêt pour la forme juridique qu’est le CDI : chercheriez-vous à obtenir un CDI si vous n’en aviez pas besoin pour obtenir un logement ?

Là où des personnes y verront une peur de l’engagement, un refus des contraintes voire même de vivre dans un idéalisme ou encore de la flemmardise.

Pour ma part, je suis passé d’une quête du graal pour le CDI à une quête de sens. C’est la recherche de l’épanouissement qui pousse la plupart des personnes de ma génération et qui poussera la génération Z à s’orienter vers d’autres formes de travail. Et c’est ce qui justifie l’apparition en masse des slasheurs.

C’est quoi un slasheur ?

Un slasheur est une personne qui cumule plusieurs jobs. Le terme slasheur provient du signe typographique « / », vous savez la barre oblique sur votre clavier qui se dit en anglais « slash » et qui indique une séparation entre différents éléments simultanés. Depuis le milieu des années 2000, le terme devient récurrent. C’est en 2007 que le terme apparaît pour la première fois, dans l’ouvrage de l’auteure Marci Alboher, One person/Multiple careers. Spécialiste des questions d’emplois et de carrières, celle-ci le définit  comme une personne qui cumule plusieurs casquettes, plusieurs boulots. En 2010, l’auteur et entrepreneur Seth Godin, ancien responsable marketing de Yahoo, illustra le terme slasheur en une phrase : « Mon grand-père a fait le même travail toute sa vie, mon père a eu sept emplois différents tout au long de sa carrière et moi j’ai eu sept emplois en même temps ». Ils sont salariés slash entrepreneurs, serveurs slash photographe slash vidéaste slash décorateur. On pourrait parler de « pluriactivité » ou de « multi-entrepreneuriat » mais slasher ça sonne mieux.

En France, nous serions entre 3 et 5 millions de slasheurs et à l’avenir ce chiffre continuera d’augmenter.

Ce quotidien qui est le mien sera bientôt celui de millions de jeunes de la génération à venir. Selon certains spécialistes de l’infantilisation nous serions les enfants de la précarité, ce qui ne signifie pas que cumuler plusieurs jobs est synonyme d’une plus grande précarité.

C’est une manière de s’adapter à notre économie en trouvant un équilibre financier tout en réinventant notre projet de vie. L’émergence de cette nouvelle génération de travailleurs tient à des faits concrets : la mort du plein emploi, la mondialisation, la mutation rapide des marchés ou encore l’émergence de nouveaux secteurs d’activité.

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Slasheur, une manière de dire « Fuck the system » ?

Nous sommes dans un système qui touche à sa fin. Les postes en CDI sont de plus en plus rares. Le chômage toujours élevé concerne aujourd’hui tout le monde : expérimenté ou non expérimenté, diplômé ou non diplômé, école de commerce ou pas école de commerce. À ce sujet, venir d’une grande école ne garantit plus l’obtention d’un job.

Une enquête réalisée auprès de 1.300 élèves interrogés dans treize grandes écoles par l’Observatoire des grandes écoles, révèle que les futures élites semblent revoir leurs ambitions professionnelles à la baisse s’ils rencontrent « plus de difficultés que prévu à trouver rapidement un premier emploi ». Car, même diplômés des grandes écoles, ils connaissent des conditions d’arrivée sur le marché du travail moins clémentes comparées à leurs aînés. Ils sont en effet moins payés qu’auparavant.

Mais revenons-en aux slasheurs.

Pourquoi devenir un slasheur ?

À la base tout provient d’une question d’argent. Il n’y a qu’à voir les américains : 1 sur 4 cumule deux emplois ou plus. Certains sont contraints d’avoir plusieurs emplois à la fois afin d’éviter les contrats précaires. Leur salaire ne leur offre pas un niveau de vie satisfaisant, alors ils essaient de créer d’autres sources de revenus. Pour d’autres, cumuler les casquettes est un choix.

Beaucoup de personnes au profil atypique (ou pas) mais à la capacité d’adaptation et aux multiples compétences apprécient avoir plusieurs employeurs, plusieurs environnements de travail. Elles aiment leurs différents boulots et ne veulent pas les abandonner. Elles y trouvent leur compte dans ce mode de vie chargé de pluri-activité.

Au milieu de tout ça, il y a les slasheurs qui ont un boulot passion et un boulot alimentaire. Ils n’exercent qu’une partie de leur temps dans ce boulot passion et sont obligés d’avoir un boulot alimentaire car le premier n’est pas suffisamment rémunérateur.

Le bon slasheur et le mauvais slasheur

Si à l’origine, la plupart des slasheurs le deviennent par nécessité, force est de constater que « Slasher », c’est se créer son propre équilibre, sortir des sentiers battus et continuer à apprendre sans cesse. Et on a plutôt intérêt à continuer à apprendre pour s’adapter aux changements incessants de l’économie.

Et puis ce n’est pas comme si nous étions les désillusionnés du système professionnel traditionnel. Les successions de crises économiques, la hausse de la précarité, les difficultés à entrer dans le monde du travail après avoir multiplié les stages et les CDD sous-payés, ont découragé beaucoup d’entre nous. Et on nous demande de nous battre pour un CDI où l’on sera payé au lance-pierre avec peut-être aucune perspective d’évolution ? Est-ce que l’enjeu en vaut vraiment la chandelle ?

Dans le reportage « Faut-il partir pour réussir ? », Marc Beaudet, le président québécois de la société Turbulent s’interroge : 

« Vous avez les meilleurs écoles au monde, et nous on s’est toujours posé la question pourquoi vous formiez et investissiez autant d’argent pour former de la main d’oeuvre que vous ne gardiez pas ? Nous aujourd’hui on importe votre main d’oeuvre. »

N’est-ce pas là une raison de notre désengagement vis-à-vis d’un CDI ? Avant, nous faisions des plans de carrière dans une entreprise. Mais aujourd’hui, quand on voit l’état du marché, les difficultés d’accéder à un premier job, ne serait-ce même à un contrat d’alternance (dans certains domaines) et les conditions de travail, il faut voir comme on nous parle. Ce qui ne donne pas envie de mettre ses œufs dans le même panier.

Au moins quand on slashe, on n’est pas à la merci d’un seul employeur.

Des raisons de slasher je peux vous en donner d’autres.

Personnellement, j’ai traversé une longue période de doute dans laquelle je me disais « Mais qu’est-ce que je vais faire ? ». Quelques temps après, j’ai réalisé que j’adorais faire plein de choses en même temps. Ça me permet de répondre à plusieurs besoins que j’ai et surtout de ne pas m’ennuyer. Maintenant que j’ai créé ma boîte, je m’organise comme j’en ai envie. Quand je ne donne pas de formation ou de cours, j’alterne les matins clients, les après-midi tournage et montage de vidéo que je partage avec le sport et en fin de journée je suis en RDV client. Je suis consultant/formateur/coach/tuteur/intervenant dans des écoles, mais je suis aussi vidéaste/blogueur/podcasteur et avec tout ça, je trouve encore le temps de voyager !

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L’émergence des nouvelles technologies et les slasheurs

Une autre raison qui a favorisé l’apparition des slasheurs, ce sont les nouvelles technologies.

Une valeur ajoutée commune à tous les slasheurs c’est la preuve de notre grande adaptabilité et de notre sens aigu du multitasking par rapport à nos aînés. Et cela est spécifique au Web 2.0. Nous nous sommes mis à ressembler à nos smartphones que nous utilisons tout le temps et qui sont devenus multitâches. Aujourd’hui, nous faisons tous plusieurs choses en même temps, comme par exemple regarder et écouter de la musique, tchater et écrire…

En outre, l’explosion des nouvelles technologies coïncide avec l’émergence du multitasking de manière générale.

Aujourd’hui, pour un slasheur à son compte, c’est facile de promouvoir ses différentes activités via le net notamment avec la prolifération d’outils comme les blogs, les réseaux sociaux et autres plateformes vidéos qui ont permis de gérer sa communication et d’entretenir son réseau sur son mobile. Le slashing est emblématique de notre société devenue zappeuse. C’est un nouveau modèle du travail qui est en train de se dessiner effaçant l’ancien devenu obsolète. Et il y a plusieurs signes à cela :

L’envie d’être utile, de contribuer au plus grand nombre tout en participant à la construction du nouveau monde est de plus en plus brûlante. Notre génération s’auto-construit une identité aux multiples facettes et prônent le cumul des emplois comme un style de vie né de la nouvelle économie que les slasheurs incarnent et que le numérique a facilité.

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Freelance et nomadisme digital

Désormais le travail c’est du slash, du nomadisme digital. On voit de plus en plus de slasheurs qui ont des modes de vie nomade, entre plusieurs pays, plusieurs villes et lieux de vie. Prenons aussi mon exemple, j’ai longtemps partagé ma vie entre Paris, Rennes et Montpellier. Cela ne m’a pas empêché de continuer à bosser et j’en avais besoin pour mon équilibre. Il y a la campagne ou la mer pour se ressourcer et les grandes villes pour travailler et sortir. C’est la volonté de tout vivre et de sortir de la vision traditionaliste de la carrière toute tracée qui a fait émergé ce mode de vie.

Est-ce que cette approche du travail est une simple réponse à la crise économique ? Ou les slasheurs sont-ils en passe de devenir une nouvelle catégorie socio-professionnelle ? Selon l’Insee, la France comptait 2,2 millions de slasheurs en 2011. À l’heure où je vous parle, ils représenteraient 5 millions d’actifs soit 18% de la population active. Nous sommes devenus la génération CDD, la suivante sera peut-être la génération Freelance.

Jetez un œil sur ce qu’il se passe dans les pays anglo-saxons. Les États-Unis par exemple comptent 57 millions de travailleurs en freelance. Ils représenteraient 35% de la force de travail américaine, et la tendance est à la hausse. Ce phénomène a entrainé l’émergence des solopreneurs et infopreneurs, c’est à dire des personnes qui cumulent les casquettes et donc des slasheurs.

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Slasher : un moyen de concilier travail et passion

Puisque nous sommes nés avec la crise, notre façon de s’en sortir c’est de slasher, en accumulant les contrats clients, les missions d’intérim, les CDD et autres petits boulots.

Notre génération dynamite à loisir les codes traditionnels du travail en le réinventant. Elle cumule les jobs, invente son propre équilibre et improvise face à la mutation de l’économie de marché. Elle est en train de révolutionner l’ancienne vision de l’univers professionnel. Le schéma traditionnel établi par les baby-boomers – bosser dans la même boîte au même poste toute sa vie- est mort. La carrière linéaire et séquentielle c’est fini.

D’un point de vue économique, ça n’est plus adapté aux mutations fulgurantes des marchés, à l’émergence de nouveaux secteurs d’activités. Et de toute manière, ça n’est pas ce que notre génération recherchait. Ce que nous voulons c’est préserver notre employabilité car les emplois peuvent disparaître en une nuit, mais pas les talents.

Et à côté de ça, nous n’avons pas assez d’une vie pour réaliser nos rêves les plus fous et tous ces projets qui nous tiennent à cœur. On sait que nous aurons besoin de nous adapter pour survivre, mais ça c’est ce que notre génération a toujours fait. Seulement nous ne voulons pas attendre une retraite que nous n’aurons peut-être jamais avant de pouvoir nous consacrer pleinement à notre passion. C’est maintenant que nous voulons concilier travail et passion tout en restant libre et autonome financièrement.

Génération slasheur

Notre génération jette ainsi un énorme pavé dans la marre du travail en révolutionnant les archétypes bien ancrés de la carrière professionnelle. La notion de carrière s’estompe ainsi de plus en plus pour laisser la place au zapping professionnel.

Et ce zapping professionnel, les employeurs devraient le craindre plutôt que de regarder ces profils atypiques avec méfiance. Car en face d’eux, ils ont des jeunes générations qui décident de créer leur propre job plutôt que de travailler pour le compte de quelqu’un d’autre. À l’avenir, chacun deviendra « sa propre petite entreprise ». Et il fallait s’y attendre, c’était inévitable.

Internet a donné le pouvoir de créer et d’acquérir de nouvelles compétences à notre génération et à celles à venir. Chaque heure, ce sont plus de 400 heures de vidéo mises en ligne sur Youtube. Des milliers d’images sont téléchargés en 10 min. Ce sont des centaines de blogs, applications, plate-forme qui naissent chaque jour faisant apparaître de nouveaux métiers comme les nouvelles régies publicitaires, le métier de community manager…

Mais ce qui a accéléré l’apparition des slasheurs ce n’est pas tant la mutation de l’univers professionnel, ni même l’appât du gain. C’est l’étroitesse d’ouverture et le manque de flexibilité du monde de l’entreprise face aux multitudes de profils qui ne rentrent pas dans leurs cases.

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Le meilleur allié du slasheur : l’ennui

Pourquoi sommes-nous nombreux à ne pas nous contenter d’un métier ? Parce que notre génération n’a pas les mêmes attentes que les précédentes générations. Même si il y en a eu des slasheurs avant nous :

  • Coluche : Fleuriste / Comédien / Humoriste / Politicien / Resto du cœur
  • Gandhi : Avocat / Philosophe / Résistant / Diplomate / Gardien de la paix

Nous serions selon certains auteurs, des passionnés hyperactifs car nous avons soif d’apprendre toujours plus. Nous ne voulons pas nous cantonner qu’à une seule tâche. Nous sommes touche-à-touts.

Et encore plus les jeunes générations qui ne supportent pas de s’ennuyer. On va geeker sur Facebook pendant qu’on regarde une série sur Netflix et si la série est « bof » on va en profiter pour jouer à Candycrush ou Clash of Clans. On est en quelque sorte tous des slasheurs : on a peur de ne rien faire, de l’ennui, du temps mort entre deux activités. L’ennui et l’idée de s’enfermer dans une case avec une seule étiquette à vie nous rebutent et nous effraient.

Surtout, c’est notre bien-être et notre développement personnel que nous privilégions par rapport au salaire. Aujourd’hui, réussir sa vie ne signifie plus une carrière accomplie, mais plutôt de multiplier les opportunités. Faire carrière dans une entreprise ne fait rêver que les générations précédentes.

Les carottes qui légitimaient le système professionnel traditionnel sont périmées. L’idée que l’on se fait de la réussite ne réside plus dans l’avoir mais dans l’être.

La frontière personnelle / professionnelle

Je pense qu’aujourd’hui de plus en plus de personnes prennent conscience qu’être épanoui dans son boulot est plus important qu’être confortable financièrement. Et que l’on préfère sacrifier ce confort pour se consacrer à des choses que l’on aime même si ce n’est pas toujours facile. Nous sommes une génération qui peut accepter d’être mal payée à partir du moment où nous nous sentons bien et que nous aimons ce que nous faisons. Mais il y a une chose sur laquelle nous sommes intransigeants, c’est notre rêve professionnel. Le travail doit être une passion et doit représenter le reflet de notre personnalité.

Bien souvent, nous ne dissocions pas l’affectif du monde de l’entreprise. Beaucoup d’entre nous voulons faire disparaître les frontières entre la sphère privée et l’environnement de travail. Faire en sorte que notre travail soit source de plaisir et soit pleinement intégré à notre vie privée.

Mais soyons clair, si nous sommes une génération de touche-à-tout qui n’a pas envie de se sentir à l’étroit dans une entreprise traditionnelle, nous ne voulons surtout pas nous retrouver coincés dans une routine professionnelle.

« On me demande souvent comment j’en suis arrivé à cumuler plusieurs activités, comment je l’organise et si cela est viable. » par Julien

Pendant longtemps et comme beaucoup de monde, je n’ai exercé qu’un travail à la fois : développeur informatique ou marketeur ou communicant ou commercial, … En suivant ce modèle, j’avais toujours ce sentiment d’avoir à laisser de coté une partie de moi afin de poursuivre une carrière.

Puis, la découverte du terme multipotentiel et du profil de slasheur m’a fait comprendre que je n’étais pas le seul dans cette situation et qu’il m’était tout à fait possible d’exercer plusieurs métiers à la fois. Kmeo est d’ailleurs né de cette volonté de propager ce message et d’apporter des témoignages et des outils pour pouvoir le mettre en pratique.

Pour moi, slasher c’est me donner la possibilité d’exercer quand je le souhaite les métiers qui me passionnent. Je peux par exemple commencer la semaine en travaillant sur Kmeo en écrivant un article, poursuivre sur l’amélioration du site, communiquer sur nos évènements pour entrepreneurs dans la foulée et finir par travailler sur la réalisation d’un podcast pour un client.

Slasher est un moyen de lier toutes les compétences que j’ai acquises et d’en acquérir de nouvelles, de continuer d’apprendre, de choisir mes collaborateurs, mes clients, mes projets et les gens qui m’entourent. De faire en sorte que mon environnement de travail reflète mes valeurs, mon mode de vie, mon fonctionnement et mes différentes facettes.

C’est aussi la volonté d’effacer cette barrière que l’on a tendance à dresser entre le professionnel et le personnel, d’être pleinement moi à tout moment et non pas une version tronquée cherchant à rentrer dans une case sans dépasser des bords.

Comme le disait très justement Laurent Gounelle, de ne pas exister à travers un métier, un rôle, pour au final se renfermer dans une représentation de moi-même qui m’éloignerait de qui je suis. Car cela va bien au delà d’un simple métier !

Pour conclure

Être polyvalent permet de garder des portes entre-ouvertes. C’est la possibilité de changer de voie professionnelle à tout moment.

Mais c’est aussi un symptôme de notre époque : la difficulté de faire un choix. Pourquoi choisir, puisque l’on peut faire plusieurs choses en même temps ? Pourquoi se laisser étiqueter quand nous sommes multipotentiels ? Se définir, c’est se limiter ! Faire un choix c’est faire une croix sur une chose au détriment d’une autre. Puis se spécialiser dans un domaine c’est en quelque sorte refuser de vivre plusieurs vies. Et ce sont toutes ces vies qui créent l’identité du slasheur.

Sa personnalité remplace son identité professionnelle autrefois résumée par sa fonction sur sa carte de visite. Vivre plusieurs vies permet dans un certains sens de gommer le sentiment d’échec. Car nous avons tous en commun un rêve professionnel à atteindre qui se révèle être difficilement accessible. Gagner sa vie en tant que comédien ou rock star n’est pas donné à tout le monde. En revanche gagner sa vie en étant consultant est plus accessible. Le jour où le boulot passion prendra le dessus sur le boulot alimentaire, il sera possible d’abandonner ce dernier pour s’adonner à sa passion.

C’est une façon de vivre son fantasme professionnel tout en prenant en compte les contraintes du réel. Et l’accumulation de toutes ces activités ne créée pas une dispersion des compétences. Au contraire, elles se nourrissent les unes des autres, pour finalement faire naître des compétences et des profils inédits. C’est la possibilité de mettre en avant des compétences transversales où leurs différentes activités se complètent et s’enrichissent l’une à l’autre de la même façon que les vases communicants. Et, bien souvent, les deux activités finissent par se rejoindre de façon imprévue.

Cumuler plusieurs métiers est donc une façon de cultiver sa différence. C’est l’expérience acquise dans un autre domaine qui le rend unique. De plus, comme je l’ai dit, jouer sur plusieurs tableaux permet de ne pas être dépendant d’un seul patron et de contourner la hiérarchie. Il y a comme un côté anti-autoritaire dans le cumul volontaire d’emplois qui permet d’être l’acteur de sa propre vie. On est moins prisonnier d’un schéma de pensée classique.

Être slasheur n’est plus synonyme d’instabilité mais d’adaptabilité et de richesse. C’est aussi cela le slashing : l’une des prémices de la mutation de l’emploi, qui dessine aujourd’hui le visage qu’il aura dans les prochaines décennies.

Et vous ?

Etes-vous un slasheur ou envisagez-vous de le devenir ?

Si c’est le cas, dites-nous en commentaires ou dans la Kommunauté les raisons qui vous ont poussé à faire ce choix et ce qui vous plait dans ce mode de vie.

Es-tu prêt.e à nous rejoindre ?

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Par L'équipe de Kmeo14 mai 2019 📰 Article5 commentaires

À propos de l'auteur, L'équipe de Kmeo

L'ékipe de Kmeo partagent leurs experiences, conseils et témoignages sur tous les sujets en lien avec la multipotentialité et le slashing.

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  • Merci M. Zangueneh pour cet article (que je viens de partager sur LinkedIn)).
    Pour moi, slasher, c’est :
    – l’occasion d’apprendre et d’assouvir ma curiosité (dire Oui, pourquoi pas… je ne connais pas mais j’y vais)
    – exprimer TOUTE ma personnalité : chaque nouvelle action/ expérience est l’expression d’une partie de moi, même si, de loin, cela ressemblerait à de la dispersion)
    – une façon de faire la nique au mot ‘Echec’ : quand on a testé, même si cela n’aboutit pas comme on l’avait souhaité, on a tenté… donc pas de regret !
    – créer des opportunités de travail

    • Bonjour Céline et merci beaucoup pour votre message/partage.
      L’apprentissage, l’expression de soi, prendre ses distances avec l’échec ou la dépendance d’un patron, ce sont ces choses qui m’ont toujours manqué quand j’étais salarié et que j’apprécie retrouvé dans ce mode de vie qu’est le slash. On est donc alignés 🙂
      Merci Céline et à bientôt.
      Jordane

  • Merci Jordane pour ce super article qui me donne le sourire. Je découvre enfin qui je suis après plusieurs années où je vis le syndrome de l’imposteur. Je suis communicante, graphiste, passionnée de nature, de randonnée, j’aime la cuisine, la peinture, la photo, l’art de la table, les relations humaines, etc. Aujourd’hui je suis prête à quitter mon statut de fonctionnaire alors que je gagne très bien ma vie! J’ai deux enfants et un crédit maison, mais je suis prête à tout quitter et à faire une rupture conventionnelle pour vivre ma vie de slasheuse en free-lance!

    • Bonjour Magda, merci de ce retour. Fonctionnaire et toutes ces activités sont cumulables. Autant préserver une stabilité financière :). La vie de slasheur amène son lot de montagne russe émotionnelle comme l’a si bien expliqué Lauriane dans un de ses articles que je te recommande de lire sur le site de Kmeo.

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