Chroniques sur l’attention – De quoi elle parle au fond, Simone ?

Il y a un truc qui m’enthousiasme et qui m‘énerve en même temps.
Bon, l’enthousiasme, ça vient de « En Theos », les dieux en soi, en grec.
On comprend le principe de l’élan, de la poussée, de la puissance,
Mais quand on est énervé, on a quoi en soi ?
Du Tabasco ?

La chose qui m’énerve,
C’est que depuis tout petit, on nous dit « Fais attention »
Comme si c’était un truc chiant, l’attention,
Un truc de grands qu’il fallait façonner chez l’enfant.

Comme ne pas mettre ses doigts dans le nez,
Regarder des deux côtés avant de traverser.

Alors que c’est tellement plus que ça, l’attention.

C’est presque tout, en fait.
Si l’on considère notre petite personne,
Et la grandeur de l’univers.

Bein entre les deux,
Il y a un truc.
Vous aurez deviné ?

L’attention.

 

L’attention est l’interface entre nous et le monde

À la fin de notre vie, ou à la fin de la journée, pour faire plus simple et moins dramatique,
Ce que l’on aura vécu sera la somme de tout ce à quoi nous aurons porté notre attention,
Que ce soit volontairement ou pas,
Mais pour cela il faut connaître la différence entre être présent, être perdu dans ses pensées, et suivre les pensées de quelqu’un d’autre (ou pire, d’un algorithme).

C’est à dire la différence entre focalisation expérientielle et focalisation narrative,
Pour utiliser des gros mots.

Ça fera l’objet d’un autre court texte, dans pas longtemps, j’espère.

Allez, la semaine prochaine !
Comme ça je serai obligé de le faire,
Vu que je vous l’ai dit…

Mais c’est aussi tellement plus que ça, l’attention.

D’ailleurs Simone Weil (pas Veil, l’autre Simone)
L’a bien compris (ressenti, plutôt, d’ailleurs)
Quand elle a écrit :

« L’attention est la forme la plus rare et la plus pure de générosité. Â»


Et nous, dans tout ça, les multipotentiels, multi-curieux, slasheurs, polymathes pluri-passionnées ?

Bein notre attention elle en prend un sacré coup,
Quand elle tente de rester stable.

Au milieu des 20000 idées (je voulais écrire 2000, mais 20000 c’est plus réaliste…)
Des 450 objets brillants croisés,
Des centaines de lignes sur nos carnets,
De nos trois systèmes d’organisation.

Comment faire pour battre le poisson rouge ? (qui aurait 9 secondes d’attention max, lui),
Quand notre tête est un bocal rempli de piranhas prêts à mordre au moindre truc saillant ?

Le secret ?

Il n’y en a pas ou il y en a autant que de paires d’yeux sur ce texte.

Par contre il y a des pistes,
Comme essayer de faire durer l’enthousiasme, on revient aux Dieux en soi,
Comme faire marcher nos ressentis,
Comme essayer de ralentir, histoire de ne plus se sentir étranger à soi-même, comme quand ça va trop vite (ça s’appelle l’aliénation, être étranger à soi-même, d’ailleurs),
Mais entrer en résonance.

Avec les gens,
Les choses,
Les idées,
Les travaux en cours (je peux plus blairer le mot « projet » qu’on met à toutes les sauces).

 

Quand je dis ralentir, c’est plutôt trouver le rythme avec lequel on se sent le plus en cohésion.

Je suis ravi que les ambulances ou les pompiers arrivent super speed, comme j’aime les repas qui durent trois heures, pendant lesquels on ferme les yeux vingt fois tellement on veut faire durer les bouchées.

Je m’aperçois qu’il y a plein de nombres et de chiffres, au milieu de ces lettres , dans les lignes précédentes,

Alors,

J’aimerais revenir à Simone Weil.

De quoi elle parle au fond, Simone ?

Pas d’injonctions,
Pas de discipline,
Pas de règles à observer,
Pas de doctrine à suivre.

Simone, elle dit juste que l’attention, c’est de l’Amour.

L’Amour des gens,
De la vie,
De tout ce qui ressent, qui émeut, qui nous transforme et rêvons un peu, nous sublime,
De tout ce qui vibre et palpite.

Et tout cela me remplit d’enthousiasme ! 

Alors ?
Ça vaudrait pas un peu le coup de se poser un moment ?
Et se dire que l’attention est au centre de tout.

Que s’il y a moins d’attention, il y a moins de vie,
Et à l’inverse, pour un happy ending,
Que plus il y a d’attention, plus il y a de vie ?

Je pose la question,
Et j’aimerais bien connaitre votre avis, votre rapport à cette interface entre nous et le monde.

À partager.

Merci de m’avoir lu.

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Par Nicolas7 octobre 2021 📰 Article, 🎥 Vidéo1 commentaires

À propos de l'auteur, Nicolas

Après diverses expériences professionnelles en France et à l’étranger qui l’ont conduit à des pratiques pluridisciplinaires mêlant travail du son, écriture et performance, Nicolas Deliau est l’auteur et interprète des pièces Les lignes de flottaison, Margaret mon Amour et Hyperfocale.
Il anime en parallèle des ateliers, notamment sur l’attention et l’écriture.
Son livre Les lignes de flottaison est paru aux Éditions La Gauloise en 2019.

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